GEGE ET TRAVEL1MAN VISITENT LE MONDE
OU
LES AVENTURES ROCAMBOLESQUES ET VERIDIQUES DE DEUX PROVENCAUX EN ORIENT
Par une belle soirée d' automne ; apres une journee bien remplie , par les beautee de la vallee de la Parbati et les saveurs doucatres de grass bien grasse ramassée au bord du chemin ; et , poussés par les gargouillis exedés de nos estomacs entalonés ; nous decidames de braver la nuit et ses mystéres pour aller engloutir une savoureuse thupka chez la didi du coin , ou pour dix roupettes nous pensions nous en mettre plein la lampe .
Deja transportés parles éfluves virtuelles de cette soupe merveilleuse; nous abordames la rue bruillante et la froideur vesperale , la fleur aux dents , le rouge aux joues , avec l' insouciance légitime de gourmands affamés .
Pourtant , cette nuit si etoilée dans l air pur des himalayas , était tout sauf une nuit banale , c etait LA nuit speciale , l' heure sacrée ou les multitudes de l' inde , se tournaientvers un seul but , célebrer dignement la déesse aux quatres bras et aux milles générosités, la grande Mahadevi , Durga elle meme , sous la forme dorée et eblouissante de Laxshmi la lumineuse .
Des centaines d' indiens en goguette s etaint aglutinés dans l' unique rue de ce bled improbable pour faire éclater leur joie , ainsi que des myriades de petards comme le voulait la tradition . Ne reculant devant aucun sacrifice , ils avaient tous imolés leurs économiespour se pourvoir en munition , deja les murs résonnaient des explosions continues de milles bombardes , deja la rue s embrasait sous les assauts des serpentins multicolores , et nous , nous courions ventre vide vers le bon sourire de la mama thupka .
L' aller se passa bien , revigorés par l' air piquant et l ambiance de fete, nous nous rendîmes gaiemant a l autre bout du village , centre d une activité pyrotechnique impressionnante . Mais quelle ne fut pas notre deception de decouvrir la cambuse fermée , decus mais toujours affamés nous primes le parti d aller voir ailleur si nous pourrions trouver un curry bien chaud a devorer .
sur la placette , centre nevralgique de la fiesta , nous croisame une famille dont la gente masculine avait abusée du raksi local et d' autres douceurs ethiliques dont une seule lampée aurait deconecté un polonais . Ces joyeux drilles l' oeil brillant et la truffe humide , faisaint grand bruit avec leurs orgues de staline , tout un lot de fusées decollaient de ce cap canaveral hindou , grace a des bouteilles vides servant de rampes a la V1 .
Malencontreusement , par un coup du destin , le tangage exageré d un noceur bouscula une bouteille qui lâchât sa mitraille droit dans nos pieds .
nous commençâmes alors une danse de saint guy memorable et tels des pieds tendres debarqués a Nothing gulch depuis 1/4 d heure , nous fimes des entrechats dignes du bolchoi . Ce qui causa l' hilarité generale de la meute avinée.
revenus de notre frayeur nous reprimes en rigolant notre quete de nouriture , quand l impensable se produisit .
Tout a coup , un orion de douleur incendia mon epaule , et dans une explosion de magnesium , je vis le visage de Gege disparaitre en milles etincelles dorées . La seconde suivante me paru durer une eternité , affolé je tentais d apaiser l eblouissement causé par la fusée , et connaitre enfin l etat de mon amis . aussi aneantis que moi , choqué , noyé dans la glu de l instant mortel qui avait faillis detruire nos vies , Gege me regardais .
tout etait OK , l epaule encore fumante et le visage blanc comme un linge , nous primes la fuite sous les quolibets de la meute dechainée , qui animée par les vapeurs viciées du demon alcool riait de nous voir marris.
Tremblant de recevoir un nouveau tir de barrage , nous avancions de panneaux publicitaires en coins de porte pour echaper au pilonage , partout le brutal frappait dur , des gamins hilares envoyaient de veritables grenades dans la rue , le bruit , l odeur de poudre , la peur , nous fimes nous refugier dans un troquet .
L' espace d un instant , le temps de s' assoir a une table libre , nous nous sentimes en securité . c est alors que la realité du lieu nous ramena au present .
dehors c etait Iwo jima , dedans las vegas paranos . Le patrons , croisement d un bandido mexicain et d un mafioso a la kusturika , n avais plus soif depuis longtemps , et j' en suis sur avait gouté toute la pallette des drogues disponibles dans la regions . les cuistots tels des farfadets moqueurs , se partagaient un chilum dans la cuisine graisseuse . Un client japonais , le bonnet rivé sur la tete et le blouson crassous encore sur le dos , ecroulés dans un fauteuil roulants battait la mesure de son desespoir avec ses jambes mortes , en s enfillant joints sur joints , sa femme , le regard perdu , riait des plaisanteries sales des dealers de tcharass atablés avec eux . Un suisse rencontré la veille , entra et s assis a notre table , l esprit ravagé par le litre et demi d alcool pur lambic qu il buvait au goulot , il ne nous reconnus pas .
Notre tchai arriva , lavasse a peine buvable , une fusee s' ecrasa sur la fenetre grillagée a coté de nous , l air puait , tout etait bizare , nous vidames nos verres et nous quittames ce lieu maudis , peuplés de dement , pour rejoindre l abris de notre piaule , la peur , qui gelait encore nos corps , nous donnat des ailes et c est sans encombres que nous arrivames saint et sauf , dans le cocon douillet ou nous admirames les feux qui faisaient briller la nuit en grignotant quelques biscuits qui avaient la saveur de la securite retrouvée .